Manfila Soba Kanté communément surnommé « Manfila Sara » ou « Manfila Balla » (1947 à Farabanah, Kankan, Guinée ; † 20 juillet 2011 à Paris) était un chanteur, arrangeur et auteur-compositeur et joueur de guitare mandingue. Il fut aussi un intellectuel, originaire de Guinée. Fort célèbre dans toute l'Afrique de l'Ouest, du moins tous les pays de tradition mandingue, il reste néanmoins peu connu du grand public européen.

 

 

Authentique pionnier appartenant à la génération des « Guitar Hero » mandingues tels que Sekou Bembeya Diabaté ou Djelimadi Tounkara (Mali), il fut notamment guitariste soliste des « Ambassadeurs », compagnons fidèle de Salif Keita et chanteur leader du célèbre groupe « Balla et ses Balladins ».

 

Issu d'une famille de griots de Farabanah, un village proche de la ville de Kankan, Kanté Manfila s'initie au balafon puis apprend la guitare en autodidacte à l'âge de seize ans. En 1967, à Abidjan, il rencontre le saxophoniste malien Moussa Cissokho qui lui donne les bases musicales (solfège, accords, harmonie) et le forme aux musiques contemporaines. Il y retrouve Sorry Bamba, directeur de l'Ensemble instrumental de Mopti (Mali), qui l'invite, en 1968, à jouer dans son pays. Ensemble, ils réalisent l'album Clash Mandingue, un album aux couleurs pachanga cubaine, boogaloo (fusion de soul, de rhythm & blues et de rythmes afro-cubains) et rumba congolaise. Moussa Cissokho l'invite bientôt à rejoindre Les Ambassadeurs du Motel à Bamako dont il devient plus tard le chef d'orchestre.

 

Le groupe accueille bientôt une des plus belles voix de la musique africaine, Salif keita. En 1978, l'arrestation de plusieurs personnalités politiques protégeant l'orchestre menace leur avenir. Manfila et Salif décident de rejoindre Abidjan, fondent Les Ambassadeurs Internationaux et signent « Mandjou », le bijou de la musique mandingue. « Mandjou » rattaché aux Touré s'inspire du morceau « Wadya » chanté par une cantatrice mandingue : Manfila en développe un thème jugé trop Jazzy par le directeur du motel del’époque. Il le ré-arrange, gardant l’intro et les premières mesures pour mettre en valeur la voix de Salif Keita.

 

 

Objet d'une polémique entre les deux amis (Manfila se refusait alors à chanter pour le Président Sékou Touré), le titre fut néanmoins maintenu. En 1980, tous deux s'envolent vers les Etats-Unis pour enregistrer les deux albums « Primpin » et « Tounkan » puis s'installent à Paris.

 

À partir de 1987, Kanté Manfila signe plusieurs albums majeurs. Kankan Blues, enregistré à Kankan, est un chant et une épopée moderne. Il éclaire l'apport spécifique de ce berceau griottique dans la musique mandingue. Tradition (1988) fait revivre la musique malinké mise en valeur par ses lignes de guitares mélodieuses, la kora de Mory Kanté  et le balafon d'Ibrahima Diabaté. Diniya (1990) offre un style orchestré très léché : sur la rythmique basse funk de Willy Nfor viennent se poser des lignes de cuivres et de sa guitare mi-blues mandingue mi-rock relevés par les synthés de - Cheick Tidiane Seck qui restituent les sons de balafon.

 

Guitariste virtuose, créateur de plusieurs tubes de la musique mandingue (« Marsa », « Sidiki »), ce compositeur chanteur est un artiste prolifique ouvert aux autres cultures. Son morceau « Denko » (Dinya) enregistré avec les Petits chanteurs de Paris atteste notamment de son éclectisme musical.

 

 

Parallèlement à sa propre carrière, Kanté Manfila collabore avec plusieurs artistes : son titre « Nterike » permet au jeune Djély Fodé Kouyaté de se faire un nom. Il glisse en 2001 ses lignes de guitares harmonieuses dans « Yoolelle maman » de l'album Missing You (mi yeewnii) du Sénégalais Baaba Maal puis assure les arrangements de Moffou de son ami Salif Keita en 2005. La même année, Kanté Manfila est fait Chevalier dans l'Ordre National du Mali par le président Amadou Toumani Touré pour son apport aux musiques africaines en général et maliennes en particulier.

 

En 2009, il arrange le premier album « Eh Sanga » de la chanteuse guinéenne Sia Tolno.

 

Le 20 juillet 2011, Kanté Manfila décède à Paris des suites d'une longue maladie. Il avait 65 ans. Adieu l'artiste.

 

Non seulement Kanté Manfila a interprété avec brio des classiques de la tradition mandingue comme «Kanakassi» ou «Duga», mais aussi il s'est essayé avec bonheur à la composition orignale. Bon nombre de ses compositions sont devenus aujourd'hui des standards dans les pays de tradition mandigue ; ainsi, son célèbre titre : « Agne Anko ».

 

 

Sa discographie est très importante : je ne citerai ici que quelques-uns de ses albums (produits en tant qu'artiste solo) que je connais, dont sa fameuse trilogie « Kankan Blues ».

 

Tradition, 1987 - L.P. - Stern's Africa - (feat. Mory Kanté)

Kankan Blues, 1991 - OUT OF AFRICA / Night and Day  

N'na niwalé (merci les mères) - [Kankan blues 2] 1994

Ni Kanu, 1995 - EMI / IRS

Back to Farabanah (Kankan Blues 3), 1998

Douaou Den, 1998 - JWS Records

 

source : Nago Seck, sur Afrisson

 

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