Ibro Diabate, une icône indiscutable de la scène musicale guinéenne, a récemment fait une apparition remarquée sur le plateau de l'émission "Le Déballage". Dans cet entretien, l'artiste a abordé de manière franche et directe les défis majeurs auxquels est confronté le système de droit d'auteur en Guinée.
Sans mâcher ses mots, Ibro Diabate a souligné avec conviction les limites manifestes du cadre de protection des droits des artistes dans le pays. Il a dénoncé le manque flagrant de contrôle et de surveillance des droits des créateurs guinéens, pointant du doigt la défaillance du département du droit d'auteur rattaché au ministère de la culture.
« Droit d’auteur guinéen est incapable, ça c’est clair, parce que y'a pas de contrôle des droits des artistes en Guinée, je parle en connaissance de cause… Mais j’ai commencé pour alerter les artistes qui font du plagiat et au BGDA même, parce que c’est une maison qui n’existe pas dans ma tête. »
L'artiste a également soulevé des inquiétudes quant à l'efficacité du Bureau Guinéen des Droits d'Auteur (BGDA), remettant en question son rôle et son fonctionnement. Ibro Diabate estime que cette institution ne joue pas son rôle de défense des droits des artistes et n'assure pas un suivi adéquat de la protection des œuvres.
La conversation s'est tournée vers la rémunération des artistes et l'impact d'un système de contrôle défaillant. Il a partagé comment les paiements sont souvent effectués sur la base de l'influence présumée de l'artiste, plutôt que sur des métriques concrètes.
« Ils mettent une longue liste devant toi, quand tu viens tu te présentes, il regarde ton influence. Si tu es influent, ils appellent le comptable et lui dit de te remettre 15 millions. Mais est ce que le droit là est contrôlé ? Si le droit est contrôlé, systématiquement dès que tu viens on comprend immédiatement ce que tu as vendu dans l'année par trimestre. Mais ici quand tu viens, on te paye en façon de ta longévité musicale (doyen) même si ton œuvre n'a pas connu un énorme succès, si tu pars en tant que rasta, tu craques, et quand ils prennent peur, ils te payent… Parfois par trimestre on te donne 30.000.000, des fois 7millions…Pour moi c’est pas une maison de droit ça… »
Néanmoins, l'artiste a insisté sur le fait que sa démarche ne découle pas d'une nécessité financière personnelle, mais d'un engagement envers les futures générations d'artistes.
« C’est pas par pauvreté que je réclame mes droits, je le fais pour la génération à venir, pour qu’il puisse connaître leur droit…Dites au Ministre et BGDA de respecter les artistes, d’arrêter de jouer avec leurs œuvres. »
Sa voix porte un message fort : il appelle le BGDA à respecter les artistes, à instaurer un système de contrôle rigoureux et à mettre fin à l'exploitation et à la négligence des droits de créateurs guinéens.
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