La venue prochaine du chanteur américain Chris Brown en Afrique du Sud, prévue pour décembre 2024, divise la population. Alors que des milliers de fans se sont précipités pour acheter des billets pour ses concerts à Johannesbourg, une opposition s’organise également en ligne, réclamant l’annulation de ses prestations. Au cœur de la controverse : les accusations de viols et de violences émises par plusieurs femmes contre l’artiste, faisant écho aux problèmes de violences faites aux femmes et de féminicides qui touchent durement l'Afrique du Sud.

L’organisation « Women for Change » a lancé une pétition en ligne, qui a déjà recueilli près de 20 000 signatures, pour demander aux promoteurs de renoncer aux concerts de Chris Brown et au gouvernement sud-africain de ne pas lui accorder de visa d'entrée. L’association estime que la venue de l’artiste serait « une insulte directe à l’encontre de millions de filles et de femmes touchées par les violences, en Afrique du Sud et dans le monde ». Ce type de mesures a déjà été pris par le passé, notamment au Royaume-Uni et en Australie, qui ont refusé l’accès à leur territoire au chanteur en raison de son passé judiciaire.

La controverse autour de la « culture de l’annulation »

Face à cette opposition, certains fans sud-africains de Chris Brown dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une manifestation de la « cancel culture », ou « culture de l’annulation ». Pour eux, les appels à boycotter l’artiste et à l'empêcher de se produire relèvent d’une volonté de ne pas laisser de place à la rédemption ou à la possibilité de tourner la page. Cependant, les accusations contre Chris Brown ne datent pas d’hier. En 2009, l’artiste avait été condamné pour avoir frappé la chanteuse Rihanna, qui était à l'époque sa petite amie.

En 2017, une autre affaire avait conduit à une ordonnance restrictive contre lui, l’empêchant d’approcher une ex-compagne qui l'accusait de harcèlement. Plus récemment, un documentaire produit par une chaîne de télévision américaine doit être diffusé d’ici la fin du mois, et revient sur les affaires de violences conjugales impliquant Chris Brown.

Entre enthousiasme des fans et rejet moral

Cette polémique souligne la fracture entre les partisans d’une tolérance zéro face aux violences faites aux femmes, et ceux qui estiment que l'artiste a purgé ses peines et mérite de continuer sa carrière. La question de la venue de Chris Brown en Afrique du Sud, dans un contexte de lutte contre les violences de genre, dépasse ainsi le simple cadre de l’industrie musicale et interroge sur la responsabilité des organisateurs de concerts et des autorités publiques. Les promoteurs et le gouvernement sud-africain devront donc trancher entre l’engouement de nombreux fans et les appels à la vigilance sociale et à la protection des droits des femmes.