Une fois n’est pas coutume, le récit qui suit n’est pas dans les documents de Bruce Mouser mais de Monette F. Jean Louis, une haïtienne.
Après la publication de mon article “Comment des esclaves créèrent un village au Rio Pongo ?”, j’ai vu dans les commentaires, une dame qui me demandait de lui contacter pour me donner des informations. Je l’ai fait et je dois dire que les informations obtenues constituent une autre grande découverte dans mes recherches sur le Rio Pongo.
Monette F. Jean Louis est une haïtienne qui a eu l’opportunité de faire des recherches documentées pour ressortir un pan de l’histoire de l’humanité occultée. Dans son essai intitulé “Sur les Pas des Dumas”, et dans un autre qui est encore en édition, elle raconte l’histoire de Marie Louise qui touche la Guinée. Alors, tenez-vous bien !
Marie Louise Dumas fut kidnappée dans son jardin près de Dominya (au Rio Pongo), par des chasseurs d’esclaves. Elle fut marquée au fer chaud et enfermée dans la prison souterraine de Dominya avant d’être vendue et transportée à Haïti. Marie Louise est vendue à plusieurs colons français exploitant le système esclavagiste ; d’où son séjour dans différentes villes d’Haïti.
A Jérémie, elle est esclave dans une plantation de canne à sucre, puis esclave domestique dans une autre habitation de colon. Toujours à Jérémie, elle devient esclave ménagère d’Alexandre de la Pailleterie. De cette relation, trois enfants naquirent esclaves : Marie Magdelaine, Marie Rose et Thomas. Ce dernier est vendu par son père à un colon avec promesse de rachat. Héritier de sa famille, Alexandre de la Pailleterie quitte Jérémie, vend sa ménagère et ses enfants à Aquin et part en France.
Que sont devenus Marie Louise et ses descendants à Haïti, après le départ d’Alexandre de la Pailleterie pour la France ? Voici les nouvelles révélations. Marie Louise devint esclave ménagère de Joseph Dantue, planteur d’indigo. Ce dernier lui lègue par testament des biens pour ses services bons et agréables, comme ménagère. Âgée d’environ soixante-dix ans, Marie Louise décède aux Cayes à Haïti, en mille-huit cent, sur une habitation d’esclaves, Rouasiel. Elle fut enterrée au cimetière des esclaves à O’Shielll, aux Cayes à Haïti.
Son fils, Thomas Alexandre est racheté quelques années plus tard par son père naturel et envoyé en France. Une fois en France, il se décida à entrer dans l’armée. Son père lui dit qu’avec son nom de noble, il n’aimerait pas qu’il entre dans l’armée comme un sous gradé. “J’y entre alors avec le nom de ma mère, Dumas” rétorqua-t -il. Il y entre effectivement avec le nom Thomas Alexandre Dumas. Il deviendra général dans l’armée française, le général Thomas Alexandre Dumas. Il reprit plus tard le nom de son père tout en restant plus connu sous le nom du général Alexandre Dumas. Son fils le plus connu n’est autre personne qu’Alexandre Dumas, l’écrivain français.
L’histoire de la France occulte quasiment le fait que le général Alexandre Dumas fut esclave durant treize ans, à Haïti. La sœur d’Alexandre Dumas, Marie Rose est l’ancêtre des familles H. Anglade. Monette F. Jean Louis est descendante de Marie Rose de son côté maternel.
J’adresse toutes mes félicitations à Monette pour ce travail remarquable et je lui exprime aussi toute ma reconnaissance pour le manuscrit du second essai qu’elle a eu la gentillesse de m’offrir avant même la publication. J’ai envoyé un message à Boffa pour que la mairie fasse une demande au ministère du Sport, de la Culture et du Patrimoine bâti, afin d’obtenir la permission de nettoyer la prison souterraine de Dominya qui est remplie de terres, et arranger le port négrier. Nous comptons chercher des fonds pour cela. J’ai aussi proposé à Monette un voyage au Rio Pongo pour en faire un documentaire. Un retour chez l’ancêtre. Dans les documents de Monette, les villages de Boffa, Dominya et Khoneya sont mentionnés ; heureusement que les endroits du Rio Pongo ont toujours les mêmes noms, donc faciles à trouver. La saga du Rio Pongo continue.
Source syliculture
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